Markind 55 Cancri : Vaisseau mère – Chapitre 2 – Obscurité

Markind 55 Cancri Vaisseau mère Chapitre 2

Bienvenue à vous, ci-dessous, le texte complet du deuxième chapitre du roman de science-fiction Markind 55 Cancri : Vaisseau mère. 

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Bonne lecture.

L’auteur, Philippe Ruaudel

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Chapitre 2 - Obscurité

Lekia respirait calmement. Elle se sentait comme baignée dans un nuage cotonneux. Aucune souffrance. Aucun son. Aucune lumière. Suis-je morte ? Non la mort ne doit pas ressembler à cela. Mes pensées sont là. On m’a peut-être sédatée. Mon corps est peut-être dans un état pitoyable. Que nécessite cet état ? Le coma ? Peut-être. Oui. Lekia fit un effort pour se remémorer les derniers instants. Elle consultait son PIM à propos d’elle ne savait plus quelle problématique. La propriété d’une roche que Phel avait découverte quelques heures auparavant sur le site 4HE du camp de base Alpha. Nous étions tous deux en train d’examiner une ressemblance de composition avec une roche baurienne. Et Phel commençait à me vanter les propriétés… Phel, PHEL ! PHEL ! TRABO ! Lekia les appelait en vain. Elle ne sentait pas ses mots sortir de sa bouche. Elle essaya de calmer son esprit qui reprenait une vigueur insolente. Elle entreprit de se remémorer les différents entraînements pour gérer son stress intense. 

 

Pendant les quelques années précédant son départ de Baure, Lekia avait, comme d’autres futurs colons, été pressentie comme décurion. Ces derniers avaient suivi un cursus axé sur le contrôle des émotions. Les maîtres enseignants tiraient leur savoir, en grande partie, de l’Encyclopedia Humanis 55 Cancri, enrichie de quelques méthodes découvertes sur Baure. Lekia faisait partie des meilleurs colons, suivant de peu Meltia qui excellait dans ce domaine. Elle était d’ailleurs en bonne voie pour devenir maître sur Baure, si son choix ne l’avait pas guidé vers Parelas-d. 

Faire le vide, puis analyser chaque élément venant à son esprit. Le plus infime indice qu’il soit extérieur à son corps ou non. D’abord, un rythme régulier. Faible, sourd, mais présent. Mon cœur… c’est mon cœur. Je suis en vie. Une joie immense l’inonda. Elle redoubla d’efforts pour retenir cette submersion d’émotions. Elle reprit le contrôle et continua son analyse. 

Elle sentait cette sensation cotonneuse. Ses membres et son corps inertes, imperturbables. Je ne contrôle pas mon corps. Pourtant, il est bien là. Mon esprit, lui, m’appartient toujours. L’obscurité où elle baignait l’intriguait au plus haut point. Elle n’avait jamais ressenti l’obscurité totale. Un noir profond et infini. Pas une parcelle de teinte autre que le noir. Mes yeux devraient produire des images sous forme d’artefact. Mais rien d’autre que l’obscurité la plus totale la recouvrait. Elle plaça son esprit en accord avec les battements de son cœur. Le rythme était celui d’un corps au repos. Elle pouvait en déduire une horloge primitive. Depuis combien de temps suis-je dans cet état ? Et les autres sont-ils dans la même situation ? Le flux de son cœur, telle une musique ancestrale, la maintenait consciente. Elle revenait aux derniers instants avant son éveil. Phel, la roche, ses explications et… cette obscurité soudaine… Cette va…. Lekia n’eut pas le temps de sentir son esprit lui échapper. Elle reposait de nouveau inerte dans l’obscurité.

Les colons venaient de terminer la pose de la dernière tente du camp Alpha. Quelque temps après leur débarquement, ce dernier s’apparentait à un grand cercle découpé en quartiers. Toutes les artères rejoignaient le point central. Une tente, d’une taille plus imposante que les autres, était dédiée aux rassemblements. Chaque quartier se composait des mêmes éléments. Un générateur d’énergie l’alimentait. Les tentes des décuries occupaient un rôle prépondérant, chacune dans un ou deux domaines précis.  

L’ensemble du camp était conçu afin que la perte d’un élément n’impacte pas l’ensemble du camp. Cette organisation était le fruit des nombreux retours d’expériences des explorations humaines, qu’elles aient été terrestres ou extraterrestres. Rien n’était laissé au hasard. Chaque équipement était par défaut doublé pour les moins critiques, voire quadruplé pour les plus sensibles et vitaux pour la colonie.  

En dernier ressort, trônait la graine au nord-ouest du camp. Ultime refuge. Un cordon humain allait et venait entre elle et le camp, déchargeant les cubes. Un peu plus au sud, Phel ne s’était pas encore habitué à la teinte rouge du sol de Parelas-d, ou Rød, comme ils la nommaient entre eux. 

Ce terme provenait d’un dialecte terrestre ancien et était synonyme de rouge. Comme cela est souvent le cas, ce surnom semblait être né de nulle part mais s’était imposé à tous les colons avec un naturel déconcertant. 

Le filtre respirateur lui permettait de profiter de l’atmosphère parélienne en sécurité. C’était la seule contrainte à subir sur la surface de cette planète. L’humaniformation avait déjà préparé leurs organes respiratoires à s’adapter à Parelas-d. Cependant, l’atmosphère était plus dense que celle de Baure. Et sa composition pouvait, sans le respirateur, provoquer, en cas d’efforts intenses, des malaises. De plus, cet équipement agissait comme un filtre pour tout agent pathogène inconnu jusqu’alors. Le filtre respirateur était souple et ressemblait à une écharpe blanche courant du nez à la base du cou pour en faire le tour. Sa conception offrait la possibilité de capter l’humidité ambiante pour alimenter un réservoir d’eau rendue potable par l’adjonction de composés chimiques. Phel rejoignit Trabo qui terminait l’inspection d’un robot de maintenance. 

« De vrais bijoux de technologie, ces engins, s’exclama Phel. 

— Oui, les équipes de Vidar ont vraiment fait du beau travail. Mieux vaut en prendre soin. 

— Ahah, si un de ses petits était malmené, Vidar serait capable de débarquer illico sur Rød, répondit Phel en riant. 

Trabo acquiesça. 

— Ce n’est pas faux ! Et mieux vaudrait se cacher dans le premier recoin de Rød pour lui échapper. 

— Toi, tu n’es pas du genre à profiter d’une balade sur Rød sans raison. Tu as besoin de quelque chose ?, demanda Trabo regardant Phel en face avec un regard inquisiteur. 

— Tout juste. Je cherche une personne pour m’accompagner sur un site que j’aimerais analyser. Lekia est très sollicitée. Les autres ne souhaitent pas trop s’éloigner du camp de base et, de toute façon, la plupart ont été affectés à des tâches diverses. 

— Pour faire simple, je suis ta seule alternative, s’exclama Trabo. 

— Tout à fait ! Le transporteur est prêt à l’Est du camp, répondit Phel. 

— Ok, je termine avec celui-ci. Je prends quelques ressources et t’y rejoins. » 

Sur ces mots, Phel partit en direction du transporteur. 

Se replongeant dans sa tâche, Trabo termina les différents réglages et réparations sur le robot de maintenance. Cela consistait à prendre en compte quelques contraintes liées à la gravité, plus forte que prévu, de Parelas-d. Rien de très grave sur le moment, mais qui, à long terme, pouvait réduire la durée de vie de certaines pièces. Mieux valait être économe. 

D’ailleurs, le camp de base pouvait se suffire à lui-même durant les premières années d’installation de la colonie. Pour ce faire, l’humanité avait redoublé d’ingéniosité en termes d’économie de matériaux et de recyclage des composants. Pourtant, Parelas-d offrait des ressources intéressantes. Ce fut d’ailleurs un des points positifs et décisifs au lancement de son ensemencement. Cependant, les colons ne commenceraient à les utiliser qu’une fois plusieurs installations de minage et de transformation construites. Phel, en tant que géologue, jouait d’ailleurs un rôle primordial dans cette phase primaire. Tout cela devrait attendre plusieurs mois et le travail préparatoire des géologues et autres spécialistes dans la colonie et du Markind. 

 

Trabo termina d’envoyer son compte rendu d’intervention via son PIM. Je ne devrais pas recevoir de message de Vidar ce coup-ci, pensa-t-il. La dernière avait soulevé une colère du responsable en robotique et automatisme du Markind. Trabo avait dû repasser au peigne fin l’ensemble de ses réglages. Il s’aperçut effectivement d’un léger décalage d’un des paramètres sans une réelle incidence, mais qui aux yeux de Vidar, relevait presque de l’hérésie. Une fois son matériel rangé, il remonta l’allée centrale du camp en direction de la tente qu’il partageait avec Phel et Celet, un des membres de l’équipe et archiviste au sol. 

 

Une des missions de ce dernier était, avec l’aide des autres archivistes de la centurie, de répliquer l’Encyclopedia Humanis 55 Cancri sur Parelas-d. Un chantier qui allait prendre plusieurs mois pour construire le bâtiment. Une tâche sans fin pour maintenir intacte la mémoire de la lignée humaine 55 Cancri. Ces tâches avaient, au fil des colonisations, revêtu un caractère qui avait basculé en partie dans le sacré. 

 

En pénétrant dans la tente, la teinte bleutée de l’éclairage le fit plisser quelques secondes les yeux. La rougeur de Parelas-d avait marqué sa rétine.  

« Il faudra que l’on pense à modifier ça, dit Trabo en montrant de la main le système d’éclairage. Celet quitta brièvement sa communication avec le vaisseau mère. 

— C’est une bonne remarque ! Je note ça dans un coin, dit l’archiviste. 

— Rien ne t’échappe, dit Trabo, saluant rapidement Celet d’une tape amicale sur l’épaule. 

Il l’informa de son expédition avec Phel. 

— Phel m’a effectivement proposé de l’accompagner. Mais je dois répliquer une partie des données liées à nos travaux de ce début de journée. Soyez prudents ! 

— Merci Celet. Nos données seront à transmettre sur le canal général ?, demanda Trabo. 

 Tu peux désormais te connecter sur un des canaux dédiés. Je vais m’occuper de ton PIM pour le configurer. Cela m’évitera de le faire plus tard à distance. Celui de Phel l’est déjà. » 

Celet pianota rapidement sur son pupitre. Une fois terminé, Trabo avait rassemblé les affaires qu’il jugeait nécessaires à emporter avec lui. Il prit congé de son compagnon archiviste et se dirigea vers l’Est du camp de base Alpha en sortant de sa tente. L’étoile d’un orange soutenu illuminait ce début de journée sur Parelas-d. 

Phel, assis dans un des sièges adaptables du transporteur, vérifiait, une fois de plus, dans les grandes lignes les étapes de la courte expédition. Par la grande vitre qui s’étalait tout le long de l’avant du véhicule, il aperçut Trabo s’approchant. Il se leva, se dirigea vers l’un des accès. Il ouvrit la porte, descendit les petites marches rétractables et le rejoignit. Arrivé à sa hauteur, il le déchargea d’une mallette. 

« Merci, je ne sais pas si c’est psychologique, mais elle m’a paru peser une tonne, dit Trabo en se détendant le bras. 

— Ce doit être dans ta tête, nos corps ont été forgés à résister à une gravité sensiblement plus importante », répondit Phel, retournant vers le transporteur. 

Trabo monta à l’arrière du véhicule pour y déposer son matériel. La soute, large et spacieuse, était équipée pour une courte expédition. L’arrière du transporteur se composait de quelques caisses de rangement, d’un petit laboratoire d’analyse polyvalent et d’un espace de couchage pour deux personnes dont la taille conviendrait aisément à deux colons de corpulence moyenne. Au-delà, il fallait aimer la promiscuité. En cas de besoin, les caisses de rangement pouvaient laisser place à l’accueil de personnel supplémentaire. Au total, six personnes pouvaient utiliser le transporteur pour de courtes missions de reconnaissance. Deux autres transporteurs, plus massifs, étaient en cours d’assemblage sur le camp. Ils permettraient chacun de projeter une décurie à bonne distance du camp, avec une autonomie de plusieurs jours. 

De retour dans la cabine de pilotage, Phel détailla à Trabo un peu plus l’excursion qu’il avait concoctée. Elle consistait à la récupération de roches et de minerais détectés quelque temps plus tôt sur un plateau situé à l’Est du camp de base Alpha. La mission de son compagnon serait de faciliter et d’accélérer l’analyse préliminaire des matériaux collectés. En outre, dans les premiers temps de la colonisation, il était formellement interdit de s’aventurer seul, pour des raisons évidentes de sécurité, en terrain inconnu. 

« On est partis ? », lança Phel. 

Trabo vérifia rapidement son PIM. 

— Pas de retour de Vidar concernant ma dernière intervention, on peut y aller, répondit Trabo sur le ton de la plaisanterie. 

Installé confortablement, Phel enclencha le pilotage automatique du transporteur en direction du site qu’il avait sélectionné. 

— Dans un peu plus de deux heures, nous serons arrivés à destination. Je vais préparer quelques modèles d’analyse sur mon PIM, dit Phel. 

 De mon côté, je vais dans la soute pour faire une petite sieste d’une vingtaine de minutes, » lui répondit Trabo, qui se leva et se dirigea vers l’arrière du transporteur. 

 

Le véhicule démarra en silence. Seul le son de ses roues sur le sol rocailleux de Parelas-d était audible à faible distance. En quelques minutes, le camp embryonnaire ne semblait plus qu’un léger renflement sur l’horizon. La graine, elle, s’en détachait telle un ultime repère de la civilisation humaine. 

 

L’après-midi était bien entamée. Dans le camp Alpha, l’activité des colons ne ralentissait pas. Tout restait encore à faire. Établir les lignes de ravitaillement, de communication et d’alimentation en courant étaient les premières priorités. Le confort et les loisirs ne viendraient pas avant un bon moment. Avant de partir du vaisseau mère, beaucoup de colons avaient profité de la multitude d’activités culturelles ou sportives disponibles à bord. Dans la tente du centre du camp Alpha, Meltia avait réuni quelques-uns des décurions pour faire le tour des différents problèmes et avancements de l’établissement du camp embryonnaire. Elle avait déjà en ligne Milo Vard dont le visage s’affichait sur les pupitres de contrôle. 

« L’installation sur le camp avance à grands pas. L’activité ne semble pas faiblir. Tous les paramètres sont au vert, lança Milo Vard. 

— Effectivement, l’ensemble des tentes ont été montées et alimentées en énergie. Nous avons pu progresser sans problème majeur. Pour certains secteurs, nous allons pouvoir passer sur les phases d’exploration aux abords du camp. Plusieurs sites préalablement repérés par les sondes seront visités. Trois ont été retenus, répondit Meltia. 

Les trois décurions conviés, un homme et deux femmes, entraient dans la salle aux pupitres. 

— Vous tombez à point nommé. Installez-vous, dit Meltia en indiquant de sa main ouverte des sièges vides à sa droite. 

— Nous discutions tout juste avec Milo des trois missions à venir. Vous avez pu en lire les détails sur vos PIMs ? 

Ils saluèrent Milo Vard et acquiescèrent en cœur. 

— Très bien. Vous avez des questions ? Allons-y. » 

La première requête émanait de la plus jeune des décurions. Elle souhaitait avoir l’autorisation de l’utilisation au sol d’une sonde supplémentaire pour le site que son équipe allait parcourir. Requête qui fut acceptée après une légère explication avec Vidar. Les deux autres remontèrent quelques demandes logistiques liées à l’établissement de leurs équipes respectives dans le camp Alpha. 

« Je tiens à rappeler que toute découverte, d’importance moyenne à élevée, doit être transmise au plus vite sur le vaisseau mère tant que la réplique de l’Encyclopedia Humanis 55 Cancri ne sera pas répliquée sur Parelas-d, rappela Milo Vard aux décurions. D’ailleurs Meltia, j’ai vu remonter une information indiquant l’utilisation d’un transporteur par l’équipe de Lekia. Pourriez-vous m’en dire un peu plus ? 

— Effectivement, cette équipe est plutôt en avance sur son installation. La demande émanait du géologue Phel. Il souhaitait observer une formation rocheuse située à l’Est du camp de base Alpha. Lekia l’y a autorisé et m’a tout de suite avertie. Concernant l’Humania, l’archiviste Celet n’a pu les accompagner, il finalise une des toutes premières parties de la réplique, détailla Meltia. 

— Ils connaissent les procédures en cas de découverte importante. Leur archiviste a établi un lien indirect avec le vaisseau mère via un des satellites en orbite, ajouta-t-elle. 

— Rien à redire. Ils ont effectivement rapidement progressé. Mais ne mélangeons pas rapidité et précipitation. Ces premières phases d’installation sont toujours empreintes d’une certaine excitation. Qui ont parfois, dans le passé de notre lignée, conduit à des situations funestes. La prudence reste la règle. Restons cependant positifs, je vous souhaite à tous de belles découvertes. », conclut Milo Vard. 

Les pupitres de contrôle reprirent leurs fonctions initiales, affichant des données de toutes sortes sur le camp de base Alpha. Les décurions prirent congé. Au passage, l’un d’eux fit remarquer à Meltia : « Ils ne devraient pas tarder à arriver sur site », en indiquant une carte de la zone de Parelas-d qui montrait un transporteur se dirigeant à l’Est. 

 

Le paysage rouge s’étalait face à Phel. La forte gravité avait, en plus de l’érosion, facilité le lissage du sol. À part le franchissement de certains dénivelés, le voyage en transporteur n’avait pas été chaotique. Au loin, une grande barrière noire dessinait l’horizon. 

« Regarde Trabo, on voit la végétation parélienne au loin. 

Trabo leva les yeux dans la direction que Phel indiquait. 

— C’est fantastique, j’ai hâte que les biologistes nous remontent plus d’éléments la concernant. Les premières analyses effectuées par les sondes indiquent une certaine, et étonnante, ressemblance avec les algues. 

— Dans cette zone désertique, c’est d’autant plus étrange. Et cette capacité de se mouvoir si rapidement est impressionnante, renchérit Phel. 

— C’est vrai, son recul de la zone de débarquement a suscité beaucoup d’émoi à bord du vaisseau mère. D’autant plus qu’elle semble être la seule vie existant sur l’ensemble de la surface de Rød, ajouta Trabo. 

— Ah! J’aperçois la zone d’arrivée. Je vais préparer la mallette d’analyse », dit Phel en se levant de son siège. 

Le transporteur s’arrêta à l’endroit précis indiqué préalablement par Phel. Le voyage s’était passé sans encombre. Phel et Trabo sortirent les différents matériels de la soute. Phel regarda son PIM. Une simple balise indiquait la zone précise à fouiller. Les deux colons marchèrent dans sa direction. Ils installèrent du matériel aux abords du site de fouilles. Phel s’assura que son PIM était bien relié sur le canal que Celet leur avait attribué. 

« Nous allons pouvoir commencer. Tu te sens d’attaque ?, demanda Phel. 

— Pas de souci. Le matériel est prêt et calibré. C’est parti », répondit Trabo. 

À l’aide de la foreuse portative, Phel entama la roche parélienne. Cela lui remémora instantanément des souvenirs de ses années passées dans les mines de Sikrat sur Baure. Il y avait repris le travail de sa mère, géologue elle aussi. Il s’était spécialisé sur une roche particulière, endémique de Baure. Elle combinait des propriétés supraconductrices inédites. Les analyses montrèrent qu’elle pouvait être utilisée pour améliorer les systèmes électroniques. Le site 4HE, sur lequel il se trouvait en compagnie de Trabo, l’avait tout de suite intéressé. Une roche présentant des similitudes avait été détectée par les sondes. Après une bonne heure de travail, Phel ressortit un échantillon de ladite roche. Trabo avait analysé, pendant ce temps, d’autres éléments rencontrés lors de la percée, dans les strates supérieures. 

« La voilà ! », s’écria Phel. Il était comme fasciné. À première vue, elle avait les mêmes reflets métalliques que la roche baurienne. Sa densité était différente. Au contraire de celle de Baure, elle affleurait presque sous le sol de Parelas-d. Phel et Trabo ramassèrent les différents matériels qui ne pouvaient rester sur site. Ils partirent en destination de la soute du transporteur. Depuis son PIM, Trabo avait calibré les différents outils d’analyse du transporteur. 

« Je ne doute pas de ton empressement d’analyser cet échantillon. Tout est prêt, dit-il.  

— Merci infiniment Trabo, j’ai hâte d’en savoir plus sur elle, dit Phel dont on sentait toujours l’excitation dans la voix. Pourtant les résultats ne seraient pas disponibles immédiatement. Et sa patience allait être mise à l’épreuve. 

— Va te reposer un peu. Je te préviendrai dès la fin de l’ensemble des analyses, dit Trabo. Mieux vaut que tu sois en pleine forme pour annoncer cette découverte, ajouta-t-il. 

— Tu as raison. Je vais profiter un peu du confort du transporteur. Sinon, tu m’aurais sur le dos toutes les cinq minutes, répondit Phel. 

— C’est bien pour ça que je t’y invite », sourit Trabo. 

De retour dans la cabine de pilotage du transporteur, Phel s’accorda quelques instants de rêverie en observant l’horizon rouge et sombre de Parelas-d. Il vérifia les différentes analyses établies par Trabo. Plusieurs roches étaient communes à celles trouvées sur les différentes planètes colonisées par la lignée 55 Cancri, dans des proportions différentes et des configurations diverses. Sentant la fatigue, il referma son PIM et appuya sa tête sur un des rebords du siège. Il ferma les yeux et s’endormit. 

 

Le PIM de Lekia l’avertit d’une communication entrante de Phel et Trabo. Elle l’accepta. 

« Salutations à vous, comment se déroule votre expédition ? 

— Tout se passe bien. Nous avons déjà, à mon avis, effectué une belle découverte, dit Phel avec empressement. Outre bon nombre de roches diverses et communes, j’ai trouvé une roche semblable à la roche baurienne sur laquelle j’ai travaillé quelques années. Avec une particularité : on l’a trouvée à faible profondeur et à profusion sur ce site, ajouta-t-il aussitôt. 

— Ce type de roche n’avait pas permis de… commença à demander Lekia. 

Dans le transporteur, la communication cessa. 

La soute devint sombre. Une légère lueur apparaissait vers la cabine. 

Trabo déboula dans la soute, l’air terrifié. 

« Phel ! Les algues sont apparues d’un seul coup ! » 

La cabine se verrouilla automatiquement. 

Il referma la porte de la soute rapidement. 

« Rentre dans le caisson étanche à ta droite et mets ça ! », cria-t-il à Phel, lui tendant un casque pour respirer en environnement hostile, attrapé à sa gauche. 

Phel se leva. Enfila sur sa tête le respirateur. Passa une jambe. 

Il eut à peine le temps de se retourner que Trabo le poussa violemment à l’intérieur du caisson. Phel sentit une vive douleur dans sa jambe gauche. Il n’eut pas le temps de se retourner que le couvercle se referma sur lui. Sa combinaison se mit à briller. Il serra les dents pour ne pas hurler. Un bruit sourd venait de retentir. Puis le silence s’ajouta à l’obscurité du caisson auréolé de la luminosité de sa combinaison. Il sentit l’effet des anesthésiants qu’elle lui injectait. Phel sentit à peine vaciller son esprit.

© Philippe Ruaudel

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